Ophiucus ou le porteur de serpent à sornettes

mercredi 7 septembre 2011
par  administrateur
popularité : 4%

Au mois de janvier 1995 une astronome anglaise, illustre inconnue prénommée Jacqueline Mitton – membre de la Royal Astronomical Society (RAS) –, n’a rien trouvé de mieux pour sortir de l’ombre que d’affirmer qu’elle avait identifié un nouveau signe du zodiaque, le Serpentaire (en grec Ophiucus). Tollé général dans les rédactions : quasiment tous les journaux se sont précipités sur la nouvelle. Preuve s’il en est que nous ne vivons pas dans une société d’information mais bel et bien de désinformation.Croyant ainsi dénigrer les astrologues, coupables de n’avoir pas pris en considération le Serpentaire dans leurs travaux, cette astronome n’a finalement prouvé qu’une chose avec son ânerie : que même un(e) prétendu(e) scientifique n’est pas à l’abri de la mauvaise foi et, pire, du mensonge.

Mais qu’est-ce donc que ce fameux Serpentaire ? Ce n’est qu’une constellation parmi tant d’autres. Or, c’est un fait bien établi que le zodiaque n’a rien à voir avec les constellations : il est constitué de signes qui se différencient nettement de celles-ci, à commencer par leur nom, en latin pour les constellations. L’étendue est un autre élément différenciateur : pour les constellations elle est variable, tandis que les signes sont tous de 30°. Enfin, les constellations occupent tout le ciel de manière aléatoire : pourquoi le fameux Ophiucus se trouve-t-il là où il est ? Aucune raison à cela : il y est un point c’est tout. Les signes, en revanche, se trouvent là où ils sont pour une raison précise : le zodiaque correspond à l’espace traversé par le Soleil dans son mouvement apparent autour de la Terre, connu sous le nom d’écliptique. Cet espace a une valeur temporelle puisqu’il permet de délimiter les quatre saisons, dont le départ est marqué par les deux solstices et les deux équinoxes. Ces quatre moments fondamentaux se divisent eux-mêmes en trois, ce qui donne alors les douze signes formant la grille de lecture constituée par le zodiaque. Il est dès lors évident que celui-ci correspond à un découpage en parties égales du parcours apparent du Soleil autour de la Terre.

Pour en revenir enfin au fameux Serpentaire, il me semble judicieux – étant donnée l’insistance avec laquelle les astronomes voudraient le voir inséré au sein du zodiaque – d’attribuer à nos frères ennemis deux étoiles dignes de leurs efforts astrologiques : les Anons, âne et ânesse, étoiles considérées maléfiques mais qu’importe : les astronomes ne croient pas à l’astrologie…

Quant à Madame Mitton, membre de la RAS, une seule réplique devrait lui suffire : ras le bol de vos serpents sots-zodiacaux à sornettes ! ♦

Esther Pantère

Article paru dans Quintile n°29, 21/09/1995)

Tous droits réservés Michaël MANDL

Reproduction totale ou partielle interdite sans autorisation de l’auteur

Version abrégée d’un article paru dans Urania Magazine N°24.


Commentaires

Agenda

<<

2017

>>

<<

Juillet

>>

Aujourd’hui

LuMaMeJeVeSaDi
262728293012
3456789
10111213141516
17181920212223
24252627282930
31123456
Aucun évènement à venir les 6 prochains mois