L’Air du Verseau

mercredi 7 septembre 2011
par  administrateur
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L’ère du Verseau approche... un nouveau déluge se prépare-t-il ? C’est ce qu’il faut craindre à la lecture de certains ouvrages. A moins que, au lieu d’être submergés sous les flots, ce ne soit par la prétendue érudition de certains, astrologues complètement fous, les sots !

Cette soi-disant érudition a en tout cas de quoi en épater plus d’un. Voilà en effet que le Verseau, qui a décidément le vent en poupe, s’est transformé en un signe d’Eau. Il suffit pour comprendre cela de décomposer le mot : le Verseau est le « verseur d’eau », d’où le fait qu’il se rattache à cet élément ! Monsieur La Palice n’aurait pas pu trouver meilleur argument...

Le bon sens qui inspire une telle réflexion est à mille lieues de toute logique zodiacale (et même à vingt mille... sous les mers), mais aussi de toute considération historique un tant soit peu raisonnée.

Pour ce qui est de la logique zodiacale, la difficulté est évidente : l’ordre si parfaitement agencé des éléments perd ainsi toute sa consistance. Mais cet argument à lui seul n’a apparemment pas assez de force, puisqu’il suffit de remanier le système selon son bon vouloir pour parvenir à une solution, dont par après on pourra revendiquer l’originalité. Avec un peu de chance, on ira même jusqu’à fonder une nouvelle école...

Du point de vue historique, les choses sont plus délicates, et il faut faire preuve soit d’une mauvaise foi évidente, soit d’une ignorance abyssale (on reste dans l’eau...), ou alors d’une confusion mentale particulière pour soutenir une telle thèse. Signalons simplement deux étapes dans l’histoire : d’abord les babyloniens, qui nommèrent ce signe le « Géant ». Au-dessus de ce « Géant » jaillissent des flots d’eau, et l’on pourrait comprendre dès lors qu’un doute soit possible quant à son identité élémentaire, bien que ces flots ne fassent pas partie du signe lui-même puisqu’ils sont au-dessus. Citons ensuite la langue latine, référence d’autant plus valable que grâce à elle bien des étymologies s’éclairent. Comment s’appelle donc ce signe en latin ? On trouve deux appellations : d’abord « Amphora » et ensuite « Aquarius », terme particulièrement intéressant puisqu’il ne s’est pas perdu au fil du temps. On le retrouve ainsi dans au moins deux langues européennes de nos jours : l’anglais (tel quel) et l’italien (« Acquario »).

Et voilà que tout s’éclaire : s’il y a bel et bien un rapport avec l’eau dans ces différentes dénominations (et, comme par hasard, le Verseau est suivi par les Poissons), les termes latins nous indiquent que l’accent chez ce signe n’est pas sur le contenu mais sur le contenant. Considérer le Verseau comme un signe d’eau est donc la goutte qui fait déborder le vase (ou l’amphore...), par où ce n est pas l’eau qui est renversée, mais le sens !

Si enfin ces quelques mots ne devaient pas suffire, signalons aux étymologistes amateurs qu’il y a un autre signe qui mérite leur attention : le Taureau. Celui-ci est non seulement le lieu de l’exaltation de la Lune (et qui nierait que la Lune est un astre d’Eau ?), mais il se décompose aussi en deux parties pour donner ce merveilleux animal mythique qu’est le Taure-Eau !

Après avoir vu passer bien des ânes voler (le Verseau, signe d’air, est gouverné par Saturne), voilà que nos étymologistes du dimanche auraient à faire aux bœufs flottants sur les océans... ♦

Ester UDITE

(Article paru dans Quintile n°27, 21/03/1995)

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